La vie... en Hollande... ou pas !

Le retour de bâton

Une connaissance de travail, devenue quelqu’un que j’apprécie beaucoup, toujours pleine de précieux conseils pour enseigner l’anglais à mes élèves, m’a confié un jour avoir vécu un drame dans sa vie et que mon histoire lui rappelait la sienne.

Elle me racontait que face à la maladie d’un enfant, le couple se serrait les coudes pour faire face. Et c’est vrai que durant les longs mois d’attente à savoir ce que Mini avait, notre couple a été soudé, chacun étant la béquille de l’autre quand ça n’allait pas. On se remontait le moral, on se confiait, je pleurais dans les bras de mon mari contre cette injustice et notre innocence envolée. On se sentait fort, contre vents et marées.

Ensuite, elle m’a expliqué que je devais faire attention à mon couple.

Ok, on était fort, . Maintenant. Mais il y aurait ce qu’on appelle le retour de bâton…

Tu sais, un bâton, tu le lances, et des fois, comme un boomerang, il te revient dans la tronche sans que tu n’ai demandé quelque chose.

Le retour de bâton, c’est vicieux parce que tu ne le vois pas arriver et un jour, pouf, tu te dis : Merde. Je crois qu’on y est.

Elle m’avait conseillé de prendre soin de nous, prendre du temps à deux, profiter, même sans les enfants, car c’était vital. Je lui disais qu’il n’y avait pas d’inquiétude à avoir, franchement, ça nous avait soudé cette affaire. On faisait face à cette montagne qui se dressait devant nous, forts, plus amoureux que jamais !

On a donc continué notre vie, … et le soleil est réapparu en Hollande. On voyait notre Mini grandir, progresser, tellement, que l’on se sentait de mieux en mieux.

Tellement mieux, que l’on s’est un peu désoudés, vous comprenez, y’avait moins besoin…  Alors on a repris nos vieilles habitudes, on a repris une vie « comme avant », parce que finalement la vie avec Mini, ben, elle est presque pareille, juste pleine de RV supplémentaires avec le SIAAM, etc mais sinon, on élève deux enfants de 3 et 1 an.

J’ai retrouvé goût à certaines choses pour lesquelles je n’en avais plus trop, je suis entrée dans une nouvelle dynamique : envie de changement, de me faire plaisir, plaisir, plaisir, à 2, en famille… Profiter de cette vie différente mais finalement qui m’ouvre un tas de portes que je ne soupçonnais même pas !

Ce regain d’énergie a déstabilisé notre couple, un peu, il faut l’avouer.  Pas toujours facile de se comprendre, et là, tout était décuplé par ce que l’on avait traversé. Mes attentes, ses attentes, nos attentes avaient changé et nous avions du mal à retrouver nos repères, notre équilibre.

C’était donc ça le retour de bâton…

Je l’ai même pas senti venir. Je l’ai même pas senti arriver comme une flèche…

Mais j’ai compris.

J’ai voulu ressortir de cette spirale de « Papa-Maman de… » , qui nous a soudés durant de longs mois, qui nous a rendu fort à ce moment là et qui maintenant m’étouffait. J’avais besoin d’autre chose.

Non, je ne suis pas QUE la maman de Mini, 1 an, déficiente visuelle (que c’est doux dit comme ça !)…

Non, je ne suis pas QUE la maman de Grande Piou, 3 ans et demi, bouffeuse d’énergie 😀 …

Non, je ne suis pas QUE Super Maitresse, investie à fond dans son boulot qui adore ses élèves et ferait beaucoup pour qu’ils se sentent bien…

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Je suis un mélange de tout ça, et j’ai besoin de mon équilibre !

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To the best English Teacher

11 réflexions au sujet de « Le retour de bâton »

  1. Il faut trouver un équilibre entre tout ces « je ne suis pas que » pour etre ce que tu es. Mais je ne doute pas que tu vas y arriver et que vous aller y arriver ensemble.
    Et tu arrives à mettre des mots sur ce que tu vis , je t’admire aussi pour ça.

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  2. le retour de bâton je crois qu’on le connait toutes un jour même sans enfant avec un handicap. il arrive je crois quand on a fait le tour des projets qu’on s’était fixé : mariage, bébé(s) , maison, boulot stable.
    on se dit oui et alors? maintenant je deviens quoi?
    j’ai eu pour ma part l’impression d’être montée dans un train en marche vers de nouveaux projets, de nouvelles envies tandis que mon mari était resté sur le quai de la gare bien planplan dans son quotidien.
    la vie à 2 n’est pas toujours facile, on se soude, on se dessoude mais l’important c’est de tenir le cap, de viser le même point tout au loin…

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  3. C’est difficile de se trouver au travers de tous les rôles qu’on a à jouer mais c’est ce qui fait notre richesse!!! pour les couples, ayant un enfant déficient auditif, j’en ai vus qui se sont aimés encore plus et d’autres qui se sont déchirés, mais je ne sais pas si la cause était vraiment l’arrivée de l’enfant avec un handicap!!! on doute toujours maman piou, de tout, enfin moi je doute tjr, pour moi rien n’est acquis mais c’est ce qui fait qu’on est attentif et que c’est comme ça qu’on tient bien la barre ❤ et pour ça je te fais confiance 🙂

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  4. Tenir le cap, dans un couple, est un « travail » de tous les instants, cela demande des efforts… des 2 côtés.
    Même si vous avez traversé des turbulences (je dirais même, SURTOUT que vous avez traversé des turbulences) il vous faut retrouver vos repères, votre équilibre, comme tu dis, mais pas au détriment de l’autre bien sûr, et pour ca, il faut, je crois, accepter de se remettre en question et discuter, dire les choses clairement, sans pression, hors les oreilles des Pious ( à ce sujet, si besoin… 😉 )
    Je vous souhaite de tout cœur d’y arriver… ensemble ❤️

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  5. Avoir un enfant atteint d’une maladie bouleverse toutes nos priorités, tous nos projets. « l’instinct de survie » se met en mode pleine puissance et on se trouve engouffré dans pleins de rdvs médicaux, papiers administratifs, des heures passées sur internet à se renseigner, des heures à repenser aux paroles du médecin….bien sûr chaque couple traverse des périodes difficiles, mais une telle épreuve nous préoccupe, nous change et nous bouleverse qu’il est essentiel de se retrouver dans des moments de plaisir. D’avoir la possibilité de rire et de parler d’autre chose…de pouvoir penser aux projets laissés de côté, de les adapter, de les reconstruire. D’avoir du temps avec son mari. Du temps pour l’autre enfant. Et du temps pour soi même. Le soutien et la présence de la famille sont précieux…tiens fort! Tu es une super maman, super prof, super femme- et même les super-héros ont des moments durs, des moments où ils reçoivent des coups de bâton, mais ils se relèvent et se battent comme toi!!! Lots of love to you WONDERWOMAN!!!
    Love from
    Your ex-colleague who is now a friend!xxx

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